Photo Chantal Nicolas, au-dessus de Garennes, Eure. Il est des photos de paysage...

Photo Chantal Nicolas, au-dessus de Garennes, Eure.

Il est des photos de paysage qui éblouissent car elles racontent une histoire qui se colle au sol ou se glisse sous le ciel. Un récit qui se crée dans les replis, les formes et les couleurs. Ainsi en est-il de celle-ci, si loquace, prise lors d'une promenade dominicale.

La photo parle de champs désormais pierreux, sans doute ravagés par les pesticides et les engrais chimiques. Des traces de charrue rappellent leur fertilité ancienne et le travail de leurs paysans aguerris. Les cailloux, qui ont remplacé la terre arable si grasse de ces marches normandes, tissent au sol des constellations  hasardeuses. La photo cite quelques pommiers isolés, rescapés probables de la déforestation et de la volonté d’agrandir les champs et les possessions. La photo balbutie les lisières de bois disparus qui se muent en haie ou en limite des terrains en épousant la forme. Elle murmure même le petit bois de pins sur un monticule central. Là, les âmes romantiques  viennent assister au couchant. Elle révèle enfin cette vallée de l’Eure où tant de favorites  firent édifier des châteaux (Anet, Maintenon,  etc.).  Une vallée est estompée dans une brume rose d’où émergent les collines d’Ezy-sur-Eure, ville ouvrière. La photo  s'exclame enfin devant cette bande de ciel pastel, surplombée par des nuages  moussus bouffant comme des cheveux. Leur chevelure argentée a les reflets d’une vieille dame céleste.

L’imaginaire se tait ensuite, cédant place à d'autres imaginaires tout aussi libres et féconds.

J.H.

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La perte d'un portable risque de rendre pendant quelques jours mes publications incertaines.