26 Novembre 2022
P
A D.
Elle est lente, la pirogue, lente et noire.
Majestueuse et lasse, elle descend le fleuve Amazone.
Elle s’arrête là où aucun port n’existe, au hasard de la jungle offerte avec ses plantes furieuses dressées vers un ciel tout halluciné
La pirogue dépose ici un défunt ,là, puis repart selon le même cérémonial, très lentement. La forêt- vierge, silencieuse encore, reste envoutée par sa propre canopée.
. L. l’homme gratte et fouine le sol, puis s’enfouit dans la terre tel l’animal qui y cherche un ultime refuge .
.Englouti de sable et de poussière, il devient alors notre disparu, notre mort, notre défunt aux yeux clairs, un autre : un voyageur de l’outre-terre.
La pirogue avance toujours, inexorable.
Au fil des heures, le crépuscule monte, estompant les berges .
Il ne reste bientôt qu’une seule passagère, moi,
Moi,. en attente, les cheveux dénoués, prêts à épouser l’onde et à suivre, dociles enfin, le fil du courant.
*
C’est alors qu’elle le vit, Lui. Il s’était retourné vers Elle, Ophé-Lui.