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Jane Hervé, le gué de l'ange

poésie des images et des lettres

Roulée dans la farine

L'aube estgrinçante.  Comment s'extirper d'un sommeil où tout se passe bien  cette nuit olga b. ? Hier, je grogne à la façon d’un porcelet. Qui va m’extirper de mon lit ? Je me hisse en m’aaccrochant à la potence suspendue au-dessusdu lit médicalisé : j’ai ainsi gagné la position assise au bord du lit, ce qui n’est qu’un commencement : je vacille et glisse sur le matelas comme si j’étais faite en guimauve pliable. Quand la position assise est enfin acceptée par le sieur AVC,(!), je pose les pieds côte à côte, et je m’anime d’un mouvement avant arrière de plus en plus énergique et risqué jusqu’à ce que je soulève, du popotin au mollet, et redevienne un bipède des plus classiques. Debout les damnées de la terre, debout les forçât de l’AVC, la raison tonne en son cratère, c’est l’éruption de la fin. Vais-je, one more time, me casser la figureau pied du lit ? oh, rage, o avc ennemi, quand reverrai-je l’agréable monde antérieur à  mon désespoir ? fumer la cheminée comme Du Bellay? en quelle saison seraije débarrassée de ces tares dérivées du 12 juin dernier?

*

Mon compagnon arrrive, fauteuil roulant en …exergue!. Vacillante, je pivote et m’effondre sur le coussin confortable. Victor me pousse en direction de la cuisine, heurtant  les seuils de porte tant il fait de circonvolutions pour me conduire devant la table où trône déjà une tasse offerte par ms fille avec une reproduction d’un Klimt :un baiser d’enfant à sa mzmaan. Le café va arriver. Je mesure à quel point c’est agréable d’être « roulée » autrement que dans la farine... J'

ai tellement ahanné que mon compagnon émerge de l’ombre :  - je prendrai bien le café. Le problème, c’est la réponse flegmatique :

  • Il est deux heures trente du matin!
  • Parfois il est  cinq heures trente.
  • La seule annonce de l’heure se veut dissuasive et elle l’est.
  • Replonger en arrière dans le lit médicalisé ? Ne foncer en avant aux toilettes qu’à l’heure acceptable du lever ?
  • A ce moment magique, je demande la veste dite "de Martine", cadeau chéri et chaud de mon amie d’enfance. Il faut l’enfiler d’une main : bras hémiplégique d‘abord, puis se tortiller du croupion pour faire entrer le bras normal ; le temps d'attendre l’arrivée du fauteuil roulant jusqu’à ce qu’il touche mes genoux. Ouille!. Je me hisse vers le plafond, fait pivoter les pieds pour mettre sans risque mon derrière sur le cousin généreux du fauteuil. … Mon compagnon en tenue légère – caleçon dit Reiser – pousse l’engin vers la table d'acajou de mon père vers la cuisine où m’attend la tasse offerte par ma fille – le fameux baiser d’enfant à sa maman de Klimt ; En vrac, je trouve sur le set le pain grillé, les comprimés du jour extraits du pilulier, la plaquette de beurre ramollo et les pots de confiture de ma chère Jacqueline. Aujourd’hui, Ja pioche dans le pot de "prunes rouges". Un délice!
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È
Le gué de l'ange est devenu une chronique rapprochee des consequences de l'avc. Sainte Patience , disent les provençaux...La patience est elle une école, en de pareilles circonstances, un bouclier, une quête impossible, ou bien un apprentissage où se deroulent de successifs dépouillements?
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