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Jane Hervé, le gué de l'ange

poésie des images et des lettres

Tu veux des châtaignes ?

Photo de Chantal Armagnac.

Photo de Chantal Armagnac.

Punaise, pourquoi ai-je demandé hier à Chantal (1) si elle était allée aux châtaignes ? Le soir,  la narquoise m’a envoyé la photo d’un énorme gâteau aux châtaignes : nappé d’un bon kilo de chocolat bien noir et décoré de plusieurs rangées de noix cruciformes (ou cruciformes de noix). Une rose des vents en cerneaux! Mes yeux avides en ont bouffé au moins trois parts. Il ne restait pas grand chose pour les petites-filles à qui ce foutu gâteau était pourtant destiné ! Une œuvre « qui nécessite une journée de préparation ! Le plus long étant de peler les châtaignes», confie la préparatrice pragmatique. Son opportune grand-mère, « qui ne comptait pas son temps passé en cuisine » ou en transmission, lui a « tout appris ». Autre bonne nouvelle,  Chantal  a mis une « une poche de châtaignes dans le congélateur » pour les prochains invités gourmands.

                                                               *

Oui, je veux bien tester une de ces « poches »… Alors dans mes souvenirs, il y a un défilé historique de châtaignes ramassées souvent à Milly-la-Forêt ou parfois dans le parc de Saint-Cloud. Je suis inépuisable en ramassage de n’importe quoi ! J’adore les « marrons » qui grillent dans les poêles à trous posées sur les braises. Ca sent si bon. Ca sentait bon jadis en Bretagne chez Jean-Pierre (ma première poêle percée, j’ai même demandé pourquoi elle avait des trous !). Ca sentait bon l’an passé chez Concha sur son poêle à bois à l’ancienne du Tarn-et-Garonne.… La grillade est ma nourriture du nez, déjà jouissive. Une odeur qui renvoie aux forêts, aux feuilles mortes, à l’humus, aux champignons, sans doute à un terroir ancien jamais connu.

                                                               *

Oui, mais mon dernier ramassage de châtaignes était avec Chantal. Or elle habite sur le très-haut d’un vallon à Trébas, au bord du Tarn… Un extraordinaire bout du monde. Pour atteindre sa maison, il faut passer au minimum trois tunnels insolites : le plus long dit « papa tunnel », le moyen dit « maman tunnel » et le plus petit « bébé tunnel » (dixit ses petites-filles qui ont interchangé le sexe des deux premiers…). Tout ça parce que la SNCF devait faire passer le chemin de fer d’Albi à Millau. Elle a changé d’avis, mais a laissé les tunnels.  Ouf. On peut donc aller jusqu’à  sa  charmante fermette. Fichtre, l’Etat a quand même construit sur les hauteurs, juste au-dessus,  une route nationale !...

Dans ces prés pentus de Trébas, il y a encore quelques vaches d’une ferme rescapée de toute ambition d’élevage industriel. Des vaches heureuses ! On passe sous les barbelés. On longe un ru assez vif. On a le droit. On grimpe. Ca patine sur les feuilles tombées.  On se relève. On ouvre nos foulards. On les remplit de ces petites merveilles brunes et potelées, ce cadeau de la Nature d’octobre.  On les noue au poignet.

Quand on a eu fini, le lendemain,on a cherché la « consoude » sur les talus voisins,  cette plante qui soude les os défaillants. En vain, ce n’était pas la saison.

                                               *

Tout ça est contenu dans cette photo si imprévue. Alors, tu veux encore des châtaignes ?

Jane Hervé

  1. Chantal Armagnac, spécialiste - entre tout – de l’alcool qui porte son nom et du pastel gascon universel !
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É
La châtaigne des Cévennes a obtenu en ce début d'automne 2020 l'appellation d'origine contrôlée. J'ai l'habitude d'aller en ramasser en Lozère du côté du col de la Croix-de-Berthel où l'arrière grand-père de mon épouse avait bâti sa maison et où avec sa femme ils ont élevé leurs treize enfants...
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