Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Jane Hervé, le gué de l'ange

poésie des images et des lettres

De l’amour chez les canards

Canard écopole du val d'Allier

Canard écopole du val d'Allier

 

Luc Lefort,  écrivain-éleveur de canards autour de la mare de son « Pré Boulay »(1), en a fait un lieu de toutes-les-cultures (!) en Normandie. Il n’oublie jamais d’évoquer les volatiles dans ses courriels. Et si vous visitez Le Pré, les canards se dandinent en file de dandys sur le gazon. Ils sont un sujet de conversation… de longue haleine ! Ils sont gardés comme des enfants, d’autant que le petit-fils de Luc s’est mué en dompteur de canards aidé de sa sœur.

                                                           *

« Les canetons sont craquants et leur sauvetage revigorant, confie Luc. Chez nous, les couvées ont du mal à aller à leur terme. Les canes veulent couver à deux le même nid et leurs mâles s’y mettent aussi. Si bien que les œufs se cassent, que l’on ne sait plus si une cane pond ou couve. Rien ne va plus dans la basse cour. En ce moment, une cane avec seulement trois canetons n’a qu’une envie : sortir de son enclos. La « nature » est bien volage ».

 

POUR PREUVE….

 

Luc  nous transmet les résultats de cette étude importée du Massachusetts résultant de deux années d’observation de Patricia Brennan (2).  Voila qui annonce d’ici quelques années un ouvrage de fond sur les anatidés du pré Boulay….

 « Plus ils ont de concurrents sexuels, plus certains canards mâles développent la taille de leur pénis. C'est le cas des fuligules à tête noire et des érismatures rousses, lorsqu'ils sont soumis à une forte rivalité. Les canards font partie des trois pour cent d’oiseaux dotés de pénis externes. Les autres oiseaux mâles, tels les coqs, ont des cloaques. Les canards développent ce pénis au printemps, puis l’organe dégénère, et repousse à la nouvelle saison des amours. Face à une faible promiscuité, les mâles fuligules à tête noire développent un pénis de taille moyenne, lisse et doux. S’ils ont déjà formé un couple et que des rivaux tournent autour de la cane, ils peuvent développer des pénis deux fois plus longs. Soumis à une rivalité intense, certains mâles de l’érismature rousse développent de longs pénis hérissés de spicules (3). Les plus costauds développent des pénis mesurant jusqu’à dix-huit centimètres, parfois plus longs qu’eux-mêmes. Les mêmes effets jouent dans la coloration du plumage et du bec, bleu vif chez le mâle de l’érismature rousse au moment de la parade. Cependant les plus jeunes, vraisemblablement intimidés, développent un organe très petit. Les plus faibles, à l’aube de leur maturité sexuelle, préfèrent passer leur tour la première année et ne développent qu’une minuscule virgule pénienne. L’année suivante, les jeunes s’enhardissent à développer un organe plus long, mais ils n’entrent en compétition que les saisons suivantes. Ils risqueraient, souligne judicieusement la biologiste américaine, d’y laisser des plumes. »

Dans une étude précédente, Patricia Brennan a montré que l’anatomie interne des femelles se modèle pour empêcher l’accès aux mâles indésirables qui ont forcé la copulation. Le cloaque femelle forme alors un cul-de-sac (au sens propre), où vont se perdre leurs spermatozoïdes. Ainsi ces oiseaux aquatiques présentent une plasticité phénotypique complexe, induite socialement. »

Tout ceci demande à être cru, quoique parfaitement féérique ! 

 

Luc Lefort

 

  1. Le Pré Boulay, Espace voluptueux avec salle de théâtre et d’exposition, spectacles musicaux, danse tous azimuts et même gîte rural à Fleury-la-Forêt, près de Lyons-la-Forêt.
  2. Du College Mount Holyoke de South Hadley.
  3. Spicule, petit dard calcaire ou siliceux.

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article