20 Octobre 2020
« Heureusement la poésie! nous écrit la poétesse Louiselle Amati. C'est mon Abeille, mon bateau de sauvetage, même quand je n'écris rien, elle veille au port». En vérité, Louiselle est une femme « plus agitée de tempêtes et de courants forts que de tendresse (même si celle-ci marque sa fusion avec les éléments) ». Poétesse des mers, elle vit « une rupture chamanique avec le monde ordinaire : la contemplation et la collection des dépouilles, des mues sur la laisse de mer, la lecture de tous les langages de l'océan, de son alphabet, ses étages, ses ressacs, ses vivants et ses morts ». Elle en est « envahie, re-muée », comme elle l’est « du ciel et des astres ». Plus loin que la tendresse, elle va « au fond des choses ». Ecoutons-là.
Orange horizon
Je dors en toi
Barque vide
Amarrée .
Enrobée
- Mille eaux
Du cœur-
Tanguée
Aux clapotis
Des tempêtes
Violettes
Des effrois
Exhalés
Tu dors en moi
Barque pleine
Déportée
Emportée
-Mille couleurs
Furieuses-
Prise aux vents
Au loin au près
Serré
Voile gonflée
Rouge
Haubans hissés
Emportements
-Mille eaux
Mêlees-
Cordages et filets
De mots,
A quai
Où aller ?
Glacis des embruns
Sur la pierre blanche
Sillage
Cacharels
Que deviens-je ?
Traverser la darse
Ouvrir les coursives
Quitter l’eau
Prendre l’air
Gagner l’orange
Horizon
Te rejoindre
-Mille lignes
Invisibles-
T’étreindre
Scellés
Dans l’échancrure
Ce pont suspendu
Du temps.
Louiselle Amati