21 Septembre 2020
Ils s’en vont tous, les poings dans leurs poches crevées : leur gilet aussi devenait idéal. Ils vont sous le ciel. Faim ! Et ils sont ton féal ; Oh, là là, que de mets splendides, ils ont rêvés ! Leur unique habit avait un large trou. Affamés, ils égrenaient dans leurs courses des mers et des pays. Leur auberge était à la Grande Ourse. Leurs étoiles au ciel ont un triste frou-frou… (1)
Même le dimanche, les migrants avancent avec l’immensité désespérée des Sans-terre, du Sud vers le Nord. Epuisés. Perdus. Leur Ailleurs est notre Ici. Et nous, les Avec-Terre ; nous qui croyons en avoir une ; nous, accrochés à nos maisons et à nos potagers, nous les regardons passer, tendre la main, se noyer, se briser. Devant nous. Et pourtant ils sont Nous. Aussi humains que Nous.
Un jour peut-être, qui sait, nous serons à leur place. Nous y sommes peut-être déjà. Un peu. Beaucoup. Autrement.
Jane Hervé
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