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Jane Hervé, le gué de l'ange

poésie des images et des lettres

L’AVION VERT, CELUI QUI NE VOLE PAS OU QUI VOLE AUTREMENT ?

L’AVION VERT, CELUI QUI NE VOLE PAS OU QUI VOLE AUTREMENT ?

Nous - individu.es ou associations - sommes des Don Quichotte ou des Dona Quichotte. Il faut se battre contre les moulins à vent de la modernité dont nous avons tant bénéficié et qui nous détruisent désormais. Contre ces géants tout-puissants aux forces vénales énormes qui laminent nos corps et nos esprits. Comment ?

                                                                       *

Le même vent qui fait tourner les ailes des moulins fait aussi voler les avions, dirait une poétesse. Oui, mais…dans le développement des échanges et transports à l’échelon planétaire, l’aviation représente 5 % des émissions de gaz à effet de serre produits exclusivement par nous, les humains. La combustion de kérosène émet du CO2 . Les avions laissent derrière eux des traînées de condensation, dont l’effet rayonnant (radiatif) aggrave le réchauffement (1). Les vrombissements réguliers de moteurs au-dessus de nos têtes affolent les hommes et les animaux. Vroum, vroum, vroum. Il est déjà passé, carlingue étincelante dans le ciel bleu. Autant de méfaits et de pollutions qui se concentrent d’évidence autour des aéroports. Y habiter vire parfois au cauchemar.

En d’autres termes, que penser de la satisfaction des voyageurs grimpés quelques heures en avion pour cause professionnelle ou pour désir touristique ? Doit-elle exister aux dépens des habitants qui subissent au quotidien, 24 heures sur 24, les nuisances diverses engendrées. Ne faut-il pas reconnaître l’inter-responsabilité des uns envers les autres ? Introduire de la mesure ? Se respecter jusque dans le ciel ? Réfléchir à un autre partage du monde ? un autre avion ?

 

Individus et associations, que faire ?

 

Des activistes ont pénétré sur les pistes de l’aéroport de Roissy-CDG, ce 3 octobre 2020.  120 environ, pour dire leur désespoir en commettant une action de désobéissance civile. Marcher sur le tarmac était leur façon de protester contre l’extension de l’aéroport. Plus grand, donc plus insupportable !

Parmi eux,

Il y a Audrey Boehly, journaliste de 43 ans, membre des JNE (2). Elle vit à 20 km de Roissy, sous les couloirs aériens. Mère de deux fillettes, elle imagine leur avenir sous les avions, " la perspective du changement climatique qui va impacter leur vie. Je suis là pour elles". Avant d’entendre parler de cette extension, elle n’avait jamais milité pour le climat. En quelques mois, sa vie a basculé. Elle soulève désormais des montagnes pour lutter contre ce projet, démissionne même de son poste de journaliste scientifique.

Audrey a co-fondé le collectif Non au T4 (extension du terminal 4 de l’aéroport Roissy-CDG). Une démarche soutenue par Alternatiba, un collectif de citoyens (Elle, moi, nous, vous) qui luttent contre le dérèglement climatique. Avec les moyens du bord souvent faibles, hélas, chacun veut construire un mouvement de masse pour un monde vivable : un monde qui ne laisse personne de côté. On a le droit de rêver et d’agir pour concrétiser ces rêves-là. L’argent public doit soutenir une industrie compatible avec les ambitions environnementales de la France ! Elémentaire, je dirais même plus de la planète ! Alors Audrey marche sur le tarmac.

Il y a Jérôme Guillet, de Rébellion scientifique. Il mesure sa responsabilité éthique : « Quand les décideurs ignorent le mur contre lesquels ils nous propulsent, les scientifiques ne peuvent rester silencieux au risque de cautionner leur actions ». Alors Jérôme prend la parole et traverse le tarmac.

Il y a Xavier Capet, chercheur au CNRS et océanographe, qui estime notre situation d’avenir désespéré : « Parce que nous avons perdu espoir » De fait, l’argument et la raison teules ne permettent plus de « faire bouger les choses. » Alors Xavier parle et marche sur le tarmac.

Il y a Sixtine Dano indignée qui juge que « nous désobéissons de façon légitime ». Une désobéissance civile non-violente pour un monde vivable. Par nécessité. Alors Sixtine désobéit et marche sur le tarmac.

Ainsi nous pouvons tous limiter nos trajets en avion, tous réinventer la définition de voyage. Cependant « notre pouvoir est limité tant que le gouvernement n’accompagne pas cette volonté citoyenne » selon Alternatiba.

 

Un procès de …marcheurs

 

Le 24 juin 2021, cinq de ces activistes passent en procès au tribunal de Bobigny pour avoir pénétré sur les pistes de l’aéroport de Roissy le 3 octobre 2020, en signe de protestation. Ils-elles risquent 18 000 euros d’amende et 5 ans de prison pour troubles au fonctionnement d'une installation aéroportuaire.

 

A la barre, il y aura Audrey mais aussi Camille, Robin, Gabriel et Côme…  Quelques personnes choisies par tant d’autres. Ils n’étaient pas que cinq sur les pistes. Il y avait 120 autres participants. En garde à vue à leurs côtés, ces derniers n’ont pourtant fait l’objet d’aucune poursuite pénale.

 

Le gouvernement a demandé à Aéroport de Paris de revoir sa copie. On espère cette copie sera non conforme !!!

J. Hervé

 

  1. Et qui incite à réfléchir à un nouvel avion ou à un nouveau mode de transport.
  2. J.N.E., journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie.
  3. Pour plus d’infos, vidéo via Alternatiba :

 

https://twitter.com/alternatiba75/status/1313897687520083969?s=20

Pour info, il semble que l'agrandissement de l'aéroport soit abandonné (voir site Reporterre). Est-ce un simple effet d'annonce?

 

 

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